Lan Wang. Une résonance lointaine. Un mystère. Pas que. Une cheffe d’orchestre internationale. Une inspiration pour vos projets artistiques, culturels et linguistiques qui reposent sur la culture de l’humain. Elle inspire avec coordination, organisation et anticipation. Mais aussi avec des mots. Des gestes. Des attentions. Petites et grandes. Telle une flèche, elle vous atteint là où vous ne vous y attendez pas. En plein cœur. Elle s’y installe durablement en distillant de la confiance et du respect. Et parfois même de l’amitié.
Lan WANG, qui êtes-vous ?
Je suis née à Shanghai. Ville internationale par excellence. J’ai un appétit pour la création. Pour toutes les cultures et toutes les langues. J’ai appris le français et le japonais avec la radio. Avec des chansons. Ma méthode pour habituer mon oreille.
Après des études universitaires, je me suis lancée dans l’univers de l’industrie de la mode. D’abord dans le contrôle qualité puis comme styliste. J’ai fini par ouvrir trois boutiques avec une clientèle essentiellement étrangère à la recherche d’un style avant-gardiste. J’aime créer les choses par moi-même.
Ces multiples activités éclairent sur mes différentes facettes. Je suis une combattante. Je ne suis pas quelqu’un de timide. Ce qui me stimule, c’est le challenge. L’inattendu. C’est aussi la rencontre avec de grandes et belles personnalités comme Eric Antoine, Hélène Rollès, Yan Tiersen et Joyce Jonathan. Ou encore des artistes qui œuvrent dans l’anonymat du grand public. Mon but est de connaître ce qui constitue le cœur même d’un pays.
Il y a aussi toute cette dimension de leadership, de travail avec un groupe. L’organisation, le management et la négociation sont mes points forts. J’ai ainsi participé à la co-création de l’entreprise de mon époux. De la conception des plans d’usine à la gestion administrative. À la décoration. À la gestion des ressources humaines. 300 personnes. La principale difficulté, c’est gérer l’humain, le collectif. Il faut être un coordinateur, un manager. Gérer les sollicitations quotidiennes. Les susceptibilités des uns et des autres. Savoir tempérer et rassurer. Avoir un certain charisme et confiance en soi. Savoir se mettre entre parenthèses pour permettre à l’autre d’être meilleur et de s’exprimer davantage.
Puis c’est le retour en France. Nouvelle étape. Femme au foyer et du temps pour soi avec la scolarisation des enfants. Nouveau challenge. L’apprentissage du français écrit. Quelques années plus tard, c’est la naissance de LeShow.
Pourquoi LeShow ?
La famille a une tradition annuelle. Le Festival Off d’Avignon. Les spectacles sont superbes. Il n’y en a pas en Chine. Alors pourquoi pas organiser des tournées d’artistes ? Les artistes ont l’habitude de distribuer des flyers dans les rues. Je vais à leur rencontre. Une entrevue a lieu avec Éric Antoine à la fin de son spectacle. C’est oui. LeShow est lancé. Départ en Chine. J’active tout mon réseau, ce qui m’ouvre petit à petit les portes du monde du spectacle. C’est un refus catégorique du consulat. Certes une bonne idée mais un projet trop risqué car la population française est peu nombreuse. Je démarre avec trois pièces de théâtre de boulevard. J’obtiens le soutien de l’ambassade de France. Aucune subvention mais une inscription au festival de croisements. La décision est prise. On finance nous-même le spectacle. C’est un succès. On ne s’attendait pas à ça. Éric Antoine est propulsé au rang de star internationale. Mon travail est reconnu par le public et les grands organisateurs. L’ambassade de France à Pékin souhaite connaître la prochaine programmation. Les producteurs me sollicitent. Le plus difficile est fait. Un nom. La confiance et la publicité. Les artistes ont partagé leur expérience et répétaient à qui voulait l’entendre « Si vous voulez tourner en Chine, il faut contacter Lan ».
Le risque n’existe pas dans ma tête. Il me donne envie de concrétiser. Il faut prendre les choses à bras le corps. Souvent les gens n’osent pas se lancer. « Quoi du théâtre de boulevard ? C’est de la folie… […] Ce n’est pas grave. Je mettrais des sous-titres, je traduirais moi-même les pièces que je connais très bien ». J’ai réussi à transmettre l’émotion et à faire comprendre l’humour français. Les Chinois riaient dans la salle. Un pont entre deux cultures totalement différentes.
Puis ce fut au tour de Yan Tiersen de me faire confiance en acceptant de terminer sa tournée mondiale en Chine. « Tu as su toucher son cœur » m’a confié son manager. Je suis aussi devenue l’agent de Joyce Jonathan et Hélène Rollès.
Aujourd’hui, LeShow prend un nouveau tournant. Je prépare de nouveaux projets. Des séjours linguistiques et culturels. Un tourisme haut de gamme pour découvrir un pays authentique dans sa globalité. Des cours et des ateliers en ligne pour apprendre la langue et la culture. Le fruit d’une collaboration forte avec l’Alliance Française. Je poursuis aussi un autre but qui me tient à cœur sur le plan éducatif. La formation par l’apprentissage avec le réseau des Chambres des Métiers et de l’Artisanat et des Centres de Formation d’Apprentis. Autre projet de partenariat clé en cours. Présenter des spectacles chinois au Festival Off d’Avignon. Une vidéo de promotion est en phase de finalisation. L’ouverture du pont dans les deux sens.
Un message à transmettre aux entrepreneur·e·s d’aujourd’hui et de demain ?
Plutôt quatre conseils pour réussir.
Ne pas avoir peur de transformer l’idée en action. On a souvent beaucoup d’idées mais la peur de faire prédomine.
Prendre une décision. Trancher entre deux options. Peu importe laquelle à partir du moment où l’on pense que c’est le meilleur choix. Si au final, l’autre option s’avérait être plus pertinente, ce n’est pas dramatique. Au moins on a essayé car hésiter constitue une perte plus importante. Or le temps est précieux.
Mettre de côté sa timidité. Tout le monde a le trac face à un enjeu important. Les artistes y compris au moment de monter sur scène. La peur de décevoir les autres. De donner une image de soi négative. Or les autres sont des gens comme vous et moi. Ils se déplacent pour vous voir car ils vous apprécient. Il faut donc montrer le meilleur de soi. Garder à l’esprit que nous devons être maître de notre projet. Cela fonctionne de la même manière dans le business.
Se préparer au pire des scénarios. Envisager les conséquences. Les alternatives. L’accepter. Toujours envisager le pire pour l’éviter. Quand cela arrive, on est déjà préparé. Mais le pire arrive rarement.
Le ciel m’inspire du positif
Lorsque je rencontre des difficultés, je regarde le ciel. Le plus loin possible. J’occulte mes pieds et me concentre sur la route qui me reste à faire. Pourquoi m’arrêter ?